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L’époque des Lumières est une période de bouleversements politiques, sociaux, économiques, matériels et intellectuels. Celle-ci est notamment marquée par un essor des naissances, des richesses, mais également par une accélération des échanges internationaux via les voyages, un approfondissement des techniques et des sciences, et un développement toujours plus conséquent de l’alphabétisation. Le savoir est vulgarisé, notamment grâce à la diffusion, de plus en plus large, de livres et de journaux.   

Les philosophes renouvellent l’approche des arts, mais aussi celle des sciences. Grâce aux critiques de Salons produites par Diderot, l’esthétique devient une science philosophique à part entière. De même, le concept de « public » est alors inventé : ce dernier a dorénavant accès à des expositions régulières. Montesquieu, Voltaire, mais aussi des archéologues-collectionneurs comme le comte de Caylus, et plus tard Winckelmann posent également un nouveau regard sur l’archéologie et ses méthodes, notamment au moment des redécouvertes des sites antiques, tels que ceux d’Herculanum (1738) ou de Pompéi (1748). Les philosophes et scientifiques naturalistes le comte de Buffon et Carl von Linné, quant à eux,  explorent à nouveau l’ « Histoire naturelle » de Pline l’Ancien (Ier siècle, après J.-C.) afin de proposer une nouvelle lecture théorique des sciences de la nature. Ainsi, de 1751 à 1772, une classification du savoir est réalisée sous la direction de Denis Diderot et de Jean le Rond d’Alembert, dans un souci de rationalisme scientifique : c’est l’Encyclopédie.   

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Si la religion est toujours aussi présente dans la société, elle commence à être contestée par la pensée scientifique et philosophique qui renouvelle l’image de l’homme et repense son statut. À une vision biblique de l’Histoire, conduisant au jugement dernier, se substitue une approche du monde fondée sur le progrès individuel. Celui-ci passe par la volonté d’acquérir toujours plus de connaissances, et ce dans différents domaines. L’homme doit se perfectionner afin d’améliorer sa condition. Pour certains penseurs, le progrès émancipe les individus des clivages liés à leur race, leur classe sociale, mais aussi leur sexe. Les théories de Jean-Jacques Rousseau tendent d’ailleurs à mettre la notion de pédagogie au centre des réflexions philosophiques et sociales. L’époque des Lumières favorise ainsi les premiers pas et les jeux de la petite enfance, mais aussi les émois de l’adolescence, en rendant prioritaire l’éducation, à la fois primaire et professionnelle.         
 
Ainsi, les femmes voient en cette évolution de la société un moyen de pouvoir échapper à leur condition, jusque-là si maîtrisée par les hommes. Mais ont-elles réellement bénéficié de ces progrès ?

Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Frontispice de l’Encyclopédie, 1751, dessiné par Charles-Nicolas Cochin et gravé par Bonaventure-Louis Prévost, gravure à l’eau-forte et au burin, Bibliothèque Nationale de France, 1772.

 

Une multitude de figures allégoriques est réunie sur ce frontispice afin d’illustrer une vision philosophique du monde, telle qu’elle était envisagée par les rédacteurs de cet ouvrage. Dans une diagonale croissante/ascendante, on  retrouve  les figures des Arts (Peinture, Sculpture, Littérature, Musique, etc.), des Sciences, de l’Agriculture, de l’Histoire et de la Théologie, mais aussi des facultés humaines (Mémoire, Imagination, Raison).

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Celles-ci sont juchées sur des nuages célestes au sein d’une architecture ouverte vers les cieux par une colonnade. Au sommet de la gravure de cette pyramide, une jeune femme nue, couverte d’un fin voile transparent, représente la Vérité. Celle-ci est baignée de lumière. La Raison qui se trouve derrière elle, à droite, tente de lui arracher son voile. Il s’agit d’un concept cher aux philosophes des Lumières. Au premier plan, en bas à gauche, un groupe de personnages représente le Peuple. Celui-ci fait une offrande à ce temple de la connaissance, afin d’en récolter les fruits, ces derniers conduisant au progrès individuel de chacun.

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© Bibliothèque Nationale de France

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