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Au XVIIIe siècle, les femmes ne sont pas considérées comme des individus à part entière. Cantonnées à la sphère privée, aux activités domestiques, extérieures à la société civile, elles sont perçues avant tout comme des mères ou des ménagères, éloignées des fonctions sociales.
Cependant, les femmes politiques (reines, princesses, favorites et régentes), ayant une influence directe sur le roi, sont souvent oubliées.

Accéder au pouvoir

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La couronne de France est le symbole de la souveraineté du roi sur le royaume de France. Quel que soit le mode d’accession au trône, afin d’assurer son autorité, la royauté cherche avant tout à maintenir une forme de continuité. La notion de rupture est vivement rejetée;  la légitimité vient de la sacralité de la fonction. La continuité est ainsi le signe de la permanence de ce lien.

Afin d’éviter que le royaume ne passe en des mains étrangères, la dévolution (ou transmission) de la couronne est régie par plusieurs règles, établies au fil des siècles :

- L’indisponibilité de la Couronne : la couronne n’appartient pas réellement au roi (au royaume). Ainsi, il ne peut ni désigner son successeur, ni renoncer à la Couronne, ni abdiquer, ni modifier la succession.

- La continuité (ou instantanéité) de la Couronne : lorsque le roi meurt, sa personnalité et sa fonction ne disparaissent pas, et ce même si son successeur n’est pas encore sacré : « Le Roi est mort, vive le Roi ! » (prononcé pour la première fois à la mort de Charles VIII en 1498).

- La catholicité : le roi doit être catholique ; raison pour laquelle à la succession d’Henri III un édit fut promulgué (Édit de l’Union) puisque le nouveau roi, Henri de Navarre, embrassait la foi protestante. Ce dernier  fut contraint d’abjurer le protestantisme (25 juillet 1593), puis fut sacré à Chartres le 27 février 1594.

- L’inaliénabilité du domaine : les biens de la Couronne ne peuvent être ni engagés, ni aliénés, ni prescrits.

- L’hérédité : le roi transmet ses pouvoirs à son fils.

- La primogéniture : le fils aîné du roi accède au trône.  

- La masculinité : la loi salique, établie par les Francs saliens sous le règne de Clovis Ier (vers 466-511), puis réinterprétée par les Carolingiens au VIIIe siècle, écarte les femmes de la succession : « Le royaume ne peut pas aller de lances en quenouilles » (la lance étant un attribut masculin et la quenouille, un attribut féminin).

- La collatéralité masculine : en cas d’absence de fils héritier, la couronne revient au plus proche parent mâle du roi.

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Ainsi rejetée de l’exercice réel du pouvoir, la femme ne peut accéder au titre suprême, au titre de reine, au sommet de l’État, que par le biais d’un mariage. En ce sens, les mariages princiers font partie intégrante des relations internationales.

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Dès la naissance d’un enfant au sein du couple royal, la question du mariage était rapidement abordée : quel prince, ou quelle princesse, choisir afin de créer l’alliance politique la plus bénéfique pour le royaume ?

 

Ainsi, les petites princesses, arrivées en âge de se marier, pouvaient être considérées, d’une certaine manière, comme des « monnaies d’échange ». En se mariant, elles apportaient avec elles une dot (un apport de biens par le père de l'épouse au patrimoine du nouveau ménage), plus ou moins conséquente en fonction de la richesse du pays, le prestige de leur maison et parfois même des territoires.

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Le devoir fondamental d’une reine restait celui de perpétuer la dynastie, en donnant un héritier mâle au roi de France. Les autorités vérifiaient que, après la célébration du mariage royal, l’union charnelle avait été consommée, car, dans le cas contraire il s’agissait d’un motif valable de l’annulation du mariage. La sexualité des reines, des princesses, relevait donc des affaires publiques. Pour exemple, La Gazette de Madrid publiait le cycle menstruel de la reine Marie-Louise d’Orléans (fille de Philippe d’Orléans et d’Henriette d’Angleterre) puisqu’aucun enfant naissait de son union avec le roi Charles II d’Espagne. L’attente de la naissance du premier né royal était une période d’incertitude profonde pour l’ensemble du royaume, puisque l’arrivée d’un garçon était attendue avec impatience. Le destin de la royauté était alors en jeu. La naissance d’une fille, au contraire, provoquait une grande déception dans l’opinion publique, et à la cour.

Perpétuer la dynastie

Alexis Simon Belle, Marie Leszczynska, reine de France (1703-1768) et le Dauphin Louis (1729–1765), 1730, huile sur toile, château de Versailles, Grand cabinet de la Dauphine.

 

© Réunion des Musées Nationaux

Aussi, les accouchements royaux se faisaient généralement en présence du public. La cour, ainsi que tous les représentants de l’État, assistaient à l’événement en fonction de leur rang. Une certaine pudeur était cependant préservée. Le lit de travail de la reine était séparé du reste de la pièce par un paravent. Dès la naissance de l’enfant, la reine était relayée par des nourrices royales, qu’elle ne pouvait généralement pas choisir elle-même. Elle ne nourrissait pas ses enfants, et ne participait pas toujours à leur éducation lors de leurs premières années. Parfois, elle en était même séparée. La maternité était une affaire d’État, puisqu’il s’agissait de former et de voir grandir le futur souverain.

Moyens et exercice du pouvoir

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À de rares périodes de l’histoire de France, les reines ont pu participer à l’exercice du pouvoir, en tant que régentes ou en tant que conseillères. Ainsi, durant les périodes de crise, des reines et des princesses ont pu se manifester au cours des débats politiques (c'est le cas d’Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, lors de la Fronde au XVIIe siècle). Ces actions, ont été favorisées par plusieurs facteurs, notamment institutionnels (liés aux principes successoraux, dans le cas des régences), mais aussi en lien avec la personnalité de la reine, et son goût pour l’engagement et le pouvoir.

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En aucun cas, ni une reine ni une favorite ne pouvaient dicter la politique directement.  En revanche, elles pouvaient exercer un pouvoir d’influence fort sur le roi. Ce fut le cas de Françoise d’Aubigné, dite Madame de Maintenon, qui fit planer durant les dernières années du règne de Louis XIV une atmosphère de dévotion et d’austérité (révocation de l’Édit de Nantes en 1685), ou celui de la Marquise de Pompadour qui initia Louis XV aux idées des Lumières. Cette dernière permit la multiplication des commandes artistiques royales.

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Ainsi, ces quelques femmes jouaient un rôle important au sein de la Cour, ce microcosme qui isolait le roi et sa famille de la société, dans lequel tout n’était que rumeurs et intrigues politiques.

Jacques Laumosnier, Entrevue de Louis XIV et de Philippe IV dans l'île des Faisans, XVIIe siècle, huile sur toile, Musée de Tessé, Le Mans.

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Une scène historique, en 1659. On distingue derrière Philippe IV sa fille, Marie-Thérèse d’Autriche, future reine de France. Ce mariage marque la fin du conflit avec l’Espagne, et valide le traité des Pyrénées (signé le 7 novembre 1659). Ce traité, initié par le cardinal Mazarin, mit fin au conflit franco-espagnol débuté en 1635, dans le cadre de la guerre Trente Ans (1618-1648).

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© Réunion des Musées Nationaux

Ainsi, ces unions servaient avant tout à maintenir la paix entre les différents États européens ; elles étaient le ciment entre les dynasties et les États. La politique matrimoniale était mûrement réfléchie, puisqu’elle exprimait la puissance du pays. Louis XV souhaitait consolider l’ensemble des frontières ; c’est pourquoi il envisagea plusieurs mariages pour sa fille, Louise-Marie de France : tout d’abord avec Charles Edouard, prétendant Stuart au trône anglais, en 1748, puis en 1766 avec l’empereur Joseph II du Saint Empire.

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Néanmoins, la femme du roi doit réunir plusieurs qualités, notamment la beauté, la pudicité, l’esprit, la possession de grands États, l’unité de religion (la reine doit embrasser la foi du roi, la foi catholique) et la fécondité.

Maurice Quentin de La Tour, La marquise de Pompadour, entre 1748 et 1755, pastel sur papier bleu, musée du Louvre, département des Arts graphiques, Paris.

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La marquise est représentée livre en main, à côté d’un globe. Intellectuelle et femme de goût, elle fut le soutien de nombreux artistes et encouragea un grand mécénat culturel.

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© Musée du Louvre

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