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L’engagement de Louise Michel contre la religion

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Louise Michel embrasse les principes de la Commune, notamment les idées anticléricales qui se sont précisées tout au long du XIXe siècle après avoir été brièvement appliquées sous la Révolution. Elle encourage la colère populaire contre un pouvoir religieux – à commencer par celui de la hiérarchie catholique – qui s’est placé du côté des forces conservatrices et des classes dominantes. Parallèlement, elle défend des causes de justice morale et politique.
 

Elle soutient l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, qui est l’un des premiers mouvements féminins de masse. Ce mouvement réclame le droit au travail et l’égalité des salaires pour les femmes.

Elle est favorable à l’union libre par consentement mutuel, sans autorisation des parents, notamment du père, ce que la Commune reconnaît. 

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Elle milite pour un enseignement laïc. La Commune interdit l’enseignement confessionnel et les signes chrétiens dans les salles de classe. La Commune fait appel à des instituteurs laïcs pour remplacer les religieux. L’instruction obligatoire des filles ainsi que la gratuité de l’enseignement commencent à être envisagés.

Louise Michel revendique également la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Celle-ci est finalement décrétée par la Commune le 2 avril 1871. Le Concordat de 1802, qui instruit le catholicisme comme religion des Français, est ainsi aboli. Il supprime le financement des cultes et entraîne la sécularisation des biens des congrégations religieuses. 

L’anticléricalisme communard


Pour la Commune, la première des libertés est l’émancipation des consciences. A l’inverse, le clergé est jugé complice des crimes de la monarchie et de l’Empire contre toutes les libertés. Les insurgés reprennent donc les positions anticléricales de la Révolution de 1789 et font payer à l’Eglise son soutien aux régimes autoritaires du XIXe siècle. Ils s’inspirent aussi de l’anticatholicisme radical des courants libres penseurs et socialistes révolutionnaires nés à la fin du Second Empire.

 

Lors des insurrections, l’anticléricalisme de la rue s’exprime avec une certaine virulence : des processions ont lieu, comme pendant la Révolution de 1789 ; les colporteurs diffusent de nombreuses brochures qui s’en prennent au clergé ; la presse exprime également cette tendance, avec des titres très accrocheurs comme : « Si vous avez besoin d’huile pour la salade, allez en chercher chez l’épicier » (référence à l’huile sainte conservée dans les églises). De fait, le militantisme anticlérical de la Commune s’est surtout exprimé en caricature. L’homme d’Eglise est représenté comme un monstre, un paria à exclure du corps social. Pour traduire la désorganisation et le caractère repoussant de l’Eglise, on a volontiers recours à la scatologie. Cette verve satirique, dans les textes et les images, suscite l’orgueil des Communards.

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Mais l’anticléricalisme de la Commune se manifeste aussi par des mesures concrètes contre l’exercice du culte chrétien. Des ecclésiastiques et les membres de communautés religieuses sont en effet arrêtés et exécutés. Des églises et des couvents sont investis, réquisitionnés ou fermés. Des sépultures sont profanées. Certains prêtres retirent leur soutane. Dans des hôpitaux ou des orphelinats tenus par des religieuses, ces dernières enlèvent leurs croix et la remplacent par une ceinture rouge portée à la taille.

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Après la chute de la Commune, le mouvement révolutionnaire est violemment stigmatisé pour ses interventions dans des églises, couvents ou autres établissements religieux. On l’accuse d’avoir voulu détruire Dieu et d’avoir multiplié les actes impies et blasphématoires.

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Louise Michel et l’anticléricalisme de la Commune : des positions assumées

 

Dans ses écrits, Louise Michel lie l’image de Dieu, telle que véhiculée par le catholicisme de l’époque, à ses adversaires versaillais. Elle refuse cette figure d’autorité à la fois politique et religieuse. Dans une perspective humaniste, elle insiste sur la responsabilité de l’individu sur son existence, sur son statut de sujet libre et maître de sa vie.

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« Je vous remercie, Madame, mais votre Dieu est vraiment trop du côté des Versaillais. » (Louise Michel à une femme voulant lui apporter les secours de Dieu dans sa prison à Versailles)

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« Sans l'autorité d'un seul, il y aurait la lumière, il y aurait la vérité, il y aurait la justice. L'autorité d'un seul, c'est un crime. » (Louise Michel, Extrait d'une Plaidoirie, 22 Juin 1883)

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« Les religions se dissipent au souffle du vent et nous sommes désormais les seuls maîtres de nos destinées. » (Louise Michel, Mémoires, 1886)

Commune de Paris / appel aux Ouvrières, Affiche du Comité central de l’Union des Femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, 1871, affiche, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (n° inv. 2011.0.1447).             
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

 

Appel aux femmes de Paris pour se réunir afin de constituer des chambres syndicales par corporation

La Commune permet aux femmes de se réunir, comme les hommes, en associations de travail, elles deviennent égales aux hommes dans le monde du travail.

Commune de Paris / IVe Arrondissement / Ecoles publiques et gratuites / aux familles de l’arrondissement, 1871, affiche, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (n° inv. 2012.0.270).


© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

Ernest Eugène Appert, Assassinat des otages de la prison de la Roquette, Crimes de la Commune, 1871, Photographie des religieux exécutés dans la prison de la Roquette lors de la Commune, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (n° inv. 2010.0.942).      
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

 

Cette photographie n’est pas une prise de vue en temps réel mais un montage avec des retouches pour médiatiser après coup l’épisode de l’exécution de religieux pris en otages par les Communards, le 24 mai 1871.

Commune de Paris/ Manifeste du Comité central de l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, 1871, affiche, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

(n° inv. 2011.0.1441).
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

Moloch, A bout de ressources!!, Caricature représentant trois prêtres et le Pape jouant de la musique dans la rue, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

(n° inv. 2010.0.517).  
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

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Le clergé n’a plus de ressources financières pour assurer ses fonctions ni pour attirer ses ouailles vers les églises.

Les hommes d’Eglise sont ici représentés en saltimbanques jouant de la musique afin d’attirer les dons.

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