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Malgré une tendance générale au progrès, des préjugés misogynes persistent en Europe concernant le statut des femmes au sein de la société. Les femmes appartiennent toujours juridiquement, intellectuellement, mais aussi biologiquement au sexe dit « faible ». Elles restent cantonnées à leurs seules fonctions de génitrice, d’éducatrice et de maîtresse de maison. L’égalité homme-femme n’est que très timidement revendiquée et varie selon les groupes sociaux : savants, gens de lettres, artistes, etc. Ainsi, les philosophes Condorcet et d’Alembert, par exemple, considèrent que « l’esprit n’a point de sexe ». Pour eux, il existe une véritable injustice sociale et politique imposée aux femmes dans le but de les asservir à l’homme, comme dans une logique d’esclavage.


 

Rousseau illustre, à travers deux de ses ouvrages majeurs, l’hésitation contradictoire de la société quant au statut de la femme.

Dans Julie ou la Nouvelle Héloïse, publié en 1761, il prône une vision moderne des relations hommes-femmes à travers une héroïne confiante et indépendante d’esprit, mais aussi par une dénonciation des mariages forcés et des « joies » de la maternité.

 

Pourtant, l’année suivante, il publie L’Émile ou de l’Éducation dans lequel il dépeint le personnage de Sophie comme l’archétype traditionnel féminin : une jeune fille asservie, vouée à l’obéissance de son entourage, mais aussi à la séduction, puis au mariage et enfin à la reproduction.

 

Dans une vision qui pourrait nous apparaître « sexiste » aujourd’hui, il s’oppose à l’égalité mais aussi à toute forme d’indépendance accordée aux femmes.

Néanmoins, la plupart des encyclopédistes, même les plus émancipateurs, estiment qu’il est impossible d’accorder des responsabilités identiques aux hommes et aux femmes.

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Ces derniers s’appuient sur les découvertes scientifiques, biologiques et expérimentales qui, malgré elles, contribuent à renforcer l’idée d’une certaine infériorité des femmes.

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Celle-ci se fonde alors sur des caractères physiologiques retenus dans l’esprit collectif :  

  •  la faiblesse physique générale (squelette et muscles) avec des corps plus graciles que ceux des hommes

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  • la présence d’un utérus et les cycles menstruels, comme signes de faiblesse et de caractérisation spécifique de la femme, la réduisant à la seule fonction maternelle           
     

  • les fonctions reproductrices les empêchant de participer à de nombreuses activités et les rendant vulnérables le temps de la grossesse     
     

  • d’un point de vue plus psychologique, l’extrême sensibilité prêtée aux femmes, pouvant les rendre « hystériques »

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D’un point de vue plus sociétal, la femme reste dépendante de son époux et doit faire un « bon mariage ». Elle apporte la traditionnelle dot, certes, mais ne gagne toujours pas d’indépendance ni d’autonomie financière et matérielle.           

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Honoré Daumier, La Bonne Grand'mère, 1835, lithographie, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

 

© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

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