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Contexte historique


En 1769, voulant sauver leur couvent au bord de la ruine, les religieuses du Carmel de Saint-Denis prononcent un vœu à l’occasion de la célébration de la fête dite du Cœur immaculé de Marie. La tradition veut qu’elles aient demandé au Seigneur de leur envoyer une nouvelle postulante fortunée. Une religieuse se serait exprimée ainsi : « Nous demandons à sortir d'embarras. Pour opérer un tel miracle, il ne nous faudrait, en vérité, rien moins qu'une Fille de France, une fille de roi! »

Description 


Dans la chapelle du couvent de Saint Denis, les religieuses, assises à l’arrière-plan à droite, sont en prière, les mains jointes. Certaines récitent des chants liturgiques, le missel ouvert, pour obtenir la protection de la Vierge. Au centre, la prieure (ou mère supérieure) rend hommage au Cœur de Marie, la main posée sur un petit autel en marbre, supportant un crucifix et deux encensoirs. Au premier plan, sur les marches, une autre carmélite se tient à genoux en priant. En arrière-plan à gauche, Louise de France, future postulante, est représentée en prière. Elle s’apprête ainsi à exaucer le souhait des sœurs et à faire son entrée au Carmel. Les délicats ornements de sa robe de princesse contrastent avec l’austérité des épaisses robes de bure des carmélites. Néanmoins, les deux univers sont réunis par la foi : sous l’influence de sa mère, la reine Marie Leczinska, Louise nourrissait en effet une profonde dévotion au culte du Cœur de Marie, qui marque ensuite toute sa vie religieuse.

Histoire des collections 


Ce tableau fut donné par Marie Barbe Guillot, épouse Mallard, nourrice de Louis XVI, tout comme les quatre autres tableaux de Guillot. Sous la Révolution, il fut confié à la famille de Sœur Marie des Anges de Geslin, avec des reliques et d'autres objets (dont le reliquaire appartenant à Louise de France). La famille les a rendus à la communauté quand celle-ci s'est reconstituée rue Cassini.

Analyse iconographique


Au centre du tableau se joue une scène mystique, assez théâtrale. Sur les marches, un petit angelot est représenté tenant un rouleau avec une inscription : « Gloria in excelsis » (Gloire au plus haut des Cieux), hymne à la Nativité tiré de l’Evangile selon saint Luc. Au-dessus de l’autel, des nuées se mêlent aux anges dans une lumière céleste. On retrouve deux types angéliques, inspirés des traités de l’époque sur les images saintes « canoniques » : un jeune garçon (archange) et des angelots représentés uniquement par leur tête (symbolisant la spiritualité) et leurs ailes (symbolisant la vitesse divine de leur action). Ces anges entourent le Cœur immaculé de la Vierge Marie : celui-ci est représenté par un cœur enflammé baigné d’un halo de lumière divine et transpercé d’un glaive. Il symbolise la sublimation de la douleur grâce à la foi absolue, la confiance intégralement accordée à Dieu et l’accueil du Christ au plus profond de l’être. Dans la Bible, le cœur contient également la mémoire, les idées, les projets et les décisions de l’individu. Ce culte est en général célébré trois semaines après la Pentecôte.

Laurent Guillot, Le Vœu au culte du saint Cœur de Marie, 1769, huile sur toile, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (n° inv. D 78.01.32).             
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

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