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Les premières années de Madame Louise à Versailles : l'éveil de la conviction religieuse

 

En 1738, Madame Louise, âgée d’un an, est envoyée à l’abbaye royale de Fontevraud, non loin de Saumur. Louis XV a en effet chargé l’abbesse d’assurer l’éducation de ses quatre plus jeunes filles, dont Louise est la dernière. C’est à Fontevraud que celle-ci reçoit la première communion et la confirmation. Au fur et à mesure de son éducation, elle se distingue par ses qualités intellectuelles et développe un vif orgueil fondé sur ses origines royales. Plus tard, elle parlera elle-même de l’essor de son sentiment religieux, au bout de quelques années de vie dans le couvent.

« A peine mes premières années s’étaient-elles écoulées, à peine les enseignements de votre sainte religion avaient-ils pénétré mon âme, que vous y fîtes naître une piété affectueuse pour le sacrement de vos autels »

(Méditations Eucharistiques, « Fête de la présentation de la Sainte Vierge »)

Suivre sa foi à la Cour

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Madame Louise revient à la Cour de Versailles à l’âge de treize ans. Elle acquiert la réputation de préférer l’équitation et les pratiques de dévotion aux activités mondaines obligatoires, comme les bals ou les concerts. Quand elle est seule dans ses appartements, elle lit les Constitutions de sainte Thérèse d’Avila, dans un exemplaire qu’elle a fait recouvrir comme un reliquaire.

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Elle s’en inspire pour pratiquer l’examen de conscience, en s’interrogeant non seulement sur la vie qu’elle mène mais aussi sur son esprit, ses pensées, son activité mentale. Elle porte une tunique de serge ou de laine à même le corps, du cou aux mollets, et une robe de bure. Elle remplace les bougies à la cire par des chandelles de suif, comme le voulait la règle des carmélites.

« Voyez l’esclavage où je suis, l’agitation où je vis, mes prières gênées, mes méditations coupées, mes dévotions contrariées ; voyez les affaires temporelles dont je suis assaillie, voyez le monde qui sème sous mes pas ses pompes, ses jeux, ses spectacles, ses conversations, ses délices, ses vanités, ses méchancetés, ses tentations sans que je puisse ni fuir ni me détourner. » (Méditations eucharistiques, « Neuvaine à sainte Thérèse »)

En 1770, elle demande l’autorisation de devenir carmélite à son père le roi. Ce dernier est d’abord réticent : il faut dire que la demande de Louise est justifiée, entre autres, par son désir d’expier les péchés de son père qui vient de présenter sa favorite, Madame du Barry, à la

Cour. Mais l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, s’entremet en faveur de Louise et le roi finit par accepter. Madame Louise choisit alors le carmel de Saint-Denis, connu pour sa pauvreté et sa rigueur.

« Moi carmélite, et le roi tout à Dieu »

(Méditations eucharistiques, « Neuvaine à Sainte Thérèse »)

Entrée au Carmel : une sœur « providentielle »

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La prise de l’habit a lieu le 10 octobre 1770 : Louise prend alors le nom de Thérèse de saint

Augustin, en hommage à sainte Thérèse d’Avila qui réforma l’Ordre du Carmel, et à un des plus célèbres parmi les Pères de l’Eglise. A l’époque, les religieuses risquaient d’être dispersées en raison de la pauvreté de leur établissement. Juste avant l’arrivée de Madame Louise, elles avaient entamé un cycle de prières pour obtenir un secours du ciel, une

« Neuvaine au Cœur de Marie ». Or, l’entrée dans les ordres est considérée comme un mariage avec le Christ. Au même titre qu’un mariage, elle est donc accompagnée du versement d’une dot. En l’occurrence, la dot royale est élevée et accroît considérablement le budget de l’établissement.

Une fois intégrée au carmel, Thérèse de saint Augustin, alias  Madame Louise, se fait remarquer par son comportement exemplaire dans le travail, la pénitence et la prière, en se mettant au même rang que les autres sœurs.

Maxime Le Boucher, Visite de Louis XV à Madame Louise de France, exposé au salon de 1882,  huile sur toile, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis. (n° inv. D 78.01.19.1).
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

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Dans la cellule, on reconnaît le lit et la sentence « Eternité ».

Au début, elle est chargée de diriger les treize novices du couvent, jeunes religieuses qui se préparent à prononcer leurs vœux définitifs. En 1771, elle assure la fonction d’économe, chargée de la gestion financière du monastère, et s’occupe des travaux, notamment la reconstruction de la chapelle. Enfin, à partir de 1773, elle est élue prieure et prend donc la tête de la communauté. C’est à ce titre qu’elle accueille en 1783 les sœurs du carmel de Bruxelles : situé sur le territoire de l’Empire austro-hongrois, ce couvent avait en effet été dissous du fait de l’interdiction des ordres religieux contemplatifs par Joseph II, empereur

d’Autriche-Hongrie, en 1781.

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Louise est morte de maladie, le 23 décembre 1787, à cinquante ans, et a été inhumée dans le

cloître du couvent, vêtue de ses habits de carmélite.

Anonyme, Madame Louise en carmélite en 1774, 1774, pastel sur papier, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (n° inv. 2009.06.01).


© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

Ecole Française, Mère Julie de Jésus, XVIIIe siècle, huile sur toile, Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.      
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

Descendante supposée de Brian Boru, dernier roi d’Irlande en 1013, Julienne Mac-Mahon fut la meilleure amie de Louise de France au couvent mais aussi son « ange », c’est-à- dire la religieuse chargée d’initier la jeune postulante aux habitudes du couvent.

Crucifix dans la châsse offerte à Madame Louise par le Pape Clément XIV, entre 1769 et 1774, bois, verre, papier, tissu, cire, métal, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis (n° inv. 78.07.06).       
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

D’après Mémoire du carmel, Louise de France aurait pressé cet objet sur ses lèvres avant de mourir en affirmant : « Je n’aurais jamais cru qu’il fût si doux de mourir ».

Poupée de l'Enfant Jésus ayant appartenu à Louise de France enfant, 1773, cire, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.
© Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

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