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La Commune est un épisode révolutionnaire qui agite l'histoire de Paris durant près de deux mois en 1871. Elle s’inscrit dans un contexte social très dur pour les classes populaires dont la confiance envers la Troisième République est ébranlée à cause du caractère très « bourgeois » de celle-ci. La population est également lassée de voir ses revendications ignorées par le pouvoir, notamment après les nombreux bouleversements politiques que la France a connus au XIXe siècle.

Lançon A., Marichal, G. La journée du 18 mars – Construction d’une barricade, 18 mars 1871, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

C'est la capitulation française de 1870 qui déclenche les événements. Les habitants de Paris ont en effet dû résister à l’envahisseur prussien dans des conditions de famine épouvantables.

 

C’est alors que les Parisiens s’insurgent le 18 mars 1871 tandis que le gouvernement d’Adolphe Thiers décide de s’emparer des canons de la Garde nationale qui défendent la ville. Ils dressent des barricades et s’autoproclament « Commune » en référence au nom du gouvernement révolutionnaire de Paris établi après la prise de la Bastille le 14 juillet 1789.

 

Ils administrent Paris jusqu’au 20 mai et adoptent de nombreuses mesures sociales en faveur de la démocratie, du droit des femmes et de la liberté de la presse. La Commune prend fin en étant réprimée par une très violente offensive du gouvernement : c’est la « Semaine Sanglante ».

Jean Combier, Barricade la Chaussée de Ménilmontant, 18 mars 1871, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

La Commune : premier jour

Au matin du 18 mars, les troupes de Thiers montent sur la butte Montmartre où, par précaution, les Parisiens ont rassemblé nombre de leurs canons. Néanmoins, cet emplacement n’est pas assez discret et les troupes, avec le bruit des chevaux, sont repérées par la population. Les femmes s’opposent en premier aux soldats, accompagnées de Louise Michel, et crient à l’indignité du comportement du gouvernement. Le général Lecomte, qui dirige alors les troupes, ordonne de tirer, mais le soldat Verdaguer, plus tard fusillé par les Versaillais, annule l’ordre. C’est le premier jour de l’insurrection.

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Le général Thomas, responsable de la répression de 1848 (en savoir plus), est reconnu par la foule, ainsi que le général Lecomte. Tous deux sont fusillés par leurs propres troupes, encouragées par la population révoltée, malgré le désaccord des élus communards Varlin et Ferré qui ne souhaitaient pas que l’acte soit attribué à la Commune.

La Commune se met en place

La volonté d’une Commune, déjà revendiquée par les Parisiens sous l’Empire, se met en place. Le gouvernement de Thiers fuit à Versailles, emportant les caisses et les cadres du service public de la ville. La Garde nationale prend le pouvoir avec l’intention de le rendre très vite  au peuple. Elle s’installe à l’Hôtel de Ville et organise des élections. Elles ont lieu le 26 mars et, le 28,  la Commune est proclamée sur la place de l’Hôtel de Ville, dans la liesse générale.

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Les quatre-vingt-huit élus de la Commune, dont la plupart sont issus des milieux ouvriers de la capitale, s’organisent alors. Dès le 29 mars, dix commissions sont mises en place : Exécutive, Militaire, Subsistances, Finances,  Justice, Sûreté générale, Travail,  Industries et échanges, Service public, Enseignement. Les différentes sphères de la gouvernance sont alors prises en charge rigoureusement. L’espoir d’Adolphe Thiers de voir le désordre s’installer disparaît.

 

Les clubs, déjà nombreux avant la Commune, se développent davantage. Une foule se rassemble dans les églises, les établissements publics et prend la parole afin de revendiquer et d’exiger des changements. Des associations comme « l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés », « l’Ecole nouvelle », « la Fédération des artistes » (dirigée par le peintre Courbet), les comités de vigilance, les clubs deviennent de réels relais de la démocratie. À cela s’ajoute le devoir de révocabilité des élus devant leurs électeurs s’ils ne tiennent pas leurs engagements, on parle alors de mandat impératif. Les idées issues de la révolution semblent ainsi trouver un terreau favorable à leur développement.

Affiche, Commune de Paris / Comité de Salut Public / Que tous les bons citoyens se lèvent ! [...], 22 mai 1871, 

Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis. 

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

Frédéric-Théodore Lix, Les séides de la Commune, 1871, lithographie, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

En réponse au massacre des Parisiens par les troupes de Thiers, les communards fusillent plusieurs de leurs otages, dont Monseigneur Darboy, archevêque de Paris (en savoir plus). 

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Le 27 mai ont lieu les derniers combats au cimetière du Père Lachaise, où se trouvent 200 communards. Ceux-ci sont à court de munition et sont rapidement vaincus par les Versaillais  qui fusillent les derniers survivants contre le mur de l’enceinte, devenu depuis le Mur des Fédérés.

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Cette période de combats, du 21 au 28 mai, sera nommée « la Semaine Sanglante ». C’est d’ailleurs cette dernière qui marque la fin de la Commune, tant les pertes et les dégâts furent conséquents. On estime entre 20 000 et 30 000 le nombre de Parisiens tués au combat ou exécutés (contre un millier de morts pour les Versaillais). Par la suite, le gouvernement poursuit les arrestations et les condamnations jusqu’en 1874. Parmi les condamnés, des milliers d’hommes et de femmes sont condamnés à l'exil dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie. Les quelques survivants rentreront en France lors de l’amnistie votée en 1880.
 

Ernest Pichio dit Picq, Le triomphe de l’ordre, XIXe siècle, Musée d’art et d’histoire de Saint-Denis.

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

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Le responsable de la Commission du Travail et des échanges lutte contre le chômage en réorganisant  les ateliers abandonnés par les patrons qui se sont réfugiés à Versailles. La gestion de ces ateliers est confiée à « l’Union des femmes » dirigée par Nathalie Le Mel  et Elisabeth Dmitrieff, et promet aux ouvriers de ne plus avoir à faire aux « exploiteurs et aux maîtres ». Une première avancée consacrée à l’égalité des salaires entre hommes et femmes concerne l’égalité de traitement pour les institutrices et les instituteurs (mise en place le 21 mai 1871).

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À la Poste, on organise la participation des travailleurs à la gestion de leur établissement. De plus, la fourchette des salaires est réduite et un revenu minimum est proposé.  La poste assure, malgré le siège de la ville par les Prussiens et les Versaillais,  la distribution du courrier.

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Les nombreuses commissions mises en place par la Commune s’activent pour faire évoluer le progrès social. Par exemple, le versement d’une pension pour les orphelins, la réquisition des logements laissés vacants par les occupants ayant fui avec Thiers, le versement d’une pension alimentaire pour les femmes souhaitant se séparer de leur mari (prémices du divorce). (En savoir plus)

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Des avancées sociales audacieuses

La décision ayant marqué l’histoire de la Commune reste cependant le décret publié le 2 avril 1871 qui déclare la séparation de l’Église et de l’État, trente-quatre ans avant la loi de 1905. Le Journal Officiel de la République française (édition de la Commune) du 3 avril 1871 en diffuse les articles le composant : « Art. 1. L’Église est séparée de l’État. Art. 2. Le budget des cultes est supprimé. Art. 3. Les biens dits de mainmorte appartenant aux congrégations religieuses, meubles et immeubles, sont déclarés propriétés nationales ». (En savoir plus)

Affiche, Commune de Paris Considérant que le premier des principes de la République française est la liberté [...], 3 avril 1871, Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis.

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

La réaction du gouvernement et l’écrasement de la Commune

Cependant, très vite, (seulement 72 jours après le début de la lutte), l’effort de la Commune est dominé par les forces de Thiers, qui ont pu s’organiser et se rassembler (elles comptent plus de 130 000 hommes). Les Communards tiennent le front et créent un Comité de salut public.

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En ne rassemblant pas plus de 30 000 hommes, la Commune est en état d’infériorité et n’a pas les compétences et la discipline nécessaires pour faire face à des troupes armées. Les Versaillais s’emparent alors des forts de Vanves (13 mai) et d’Issy (8 mai) avant de pénétrer dans Paris par la porte de Saint-Cloud le 21 mai.

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Les troupes versaillaises arrivent au centre de la capitale, que la Commune tente de maintenir en couvrant les rues de barricades, et en défendant chaque quartier, tandis que les Tuileries, l’Hôtel de Ville et la Cour des Comptes sont en proies aux flammes.

Léon Jean Baptiste Sabatier, Incendie de l’Hôtel de Ville du 24 mai 1871, vers 1872, lithographie, Musée d’art et d’histoire de Saint Denis.

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© Musée d'art et d'histoire de Saint-Denis

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